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HeavySlumbers
13 décembre 2012

« Notre problème est l’obéissance civile » (Howard Zinn)

Nous avons traduit ci-dessous un texte essentiel d’Howard Zinn, texte qui est un discours qu’il fit en 1970 et qui est devenu un des textes le plus connu et cité concernant la désobéissance civile et sa légitimité. De fait historiquement, toutes les avancées sociales et politiques ont été obtenues par la désobéissance civile de groupes de personnes motivées et opiniâtres. En bas de l’article nous avons mis le lien d’une vidéo de Zinn (en anglais) lorsqu’il fut appelé à la barre des témoins dans un procès pour désobéissance civile contre 7 personnes (en 1983). Sa plaidoirie est grandiose !

Notre société actuelle part en lambeaux, les « acquis sociaux » sont laminés par le pouvoir et les aristocrates qui gèrent ce pouvoir usurpé au peuple. Il est grand temps que la désobéissance civile revienne au goût du jour. Elle ne peut être efficace que si elle est alimentée par un pensée critique et constructive, ce qui est fort heureusement dans la nature humaine, contrairement à ce qu’on nous martèle depuis des siècles.

L’obéissance civile est notre problème… Vraiment et depuis bien trop longtemps !

– Résistance 71 –

 

Le problème est l’obéissance civile

Howard Zinn (1970)

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Je pars de la supposition que le monde est sens dessus-dessous, que les choses vont mal, que les personnes qui ne devraient pas être en prison le sont et celles qui le devraient ne le sont pas, que les personnes qui ne devraient pas être au pouvoir le sont et ceux qui devraient avoir plus de pouvoir n’en ont pas, que la richesse non seulement dans ce pays mais dans le monde est distribuée d’une manière qu’une petite réforme n’est pas suffisante, mais qu’une refonte totale du système d’allocation de la richesse est nécessaire. Je pars de la supposition que nous n’avons pas trop de choses à dire à ce sujet car il nous suffit de penser un instant à l’état du monde d’aujourd’hui pour que nous nous rendions compte que tout est à l’envers. Daniel Berrigan, un prêtre catholique, un poète qui s’oppose à la guerre, est en prison tandis que J. Edgard Hoover est libre comme l’air voyez-vous. David Dellinger, qui a combattu la guerre depuis qu’il est haut comme çà et utilisé toute son énergie et sa passion contre elle, est en grand danger d’aller en prison, tandis que les perpétrateurs du massacre de My Lai ne comparaissent devant aucune cours de justice. Ils sont à Washington, remplissant diverses fonctions importantes et subordonnées, qui ont à faire avec la perpétration de massacres, qui les surprennent quand ils surviennent. A l’université d’état de Kent, quatre étudiants ont été tués par la garde nationale et des étudiants ont été inculpés. Dans chaque ville de cette nation, des participants lors de manifestations, qu’ils aient manifesté ou pas, sont attaqués et matraqués par la police, puis sont arrêtés et détenus pour avoir attaqué un policier.

J’ai étudié attentivement tout ce qu’il se passe chaque jour dans les palais de justice de Boston, Massachussetts. Vous seriez abasourdis, ou peut-être pas, si vous avez vécu, peut-être avez-vous été frappés par le cycle quotidien d’injustice qui coule au sein de cette chose merveilleuse qu’on appelle la procédure légale. Bon, ceci est mon postulat.

Tout ce que vous avez à faire est de lire les lettres de Seledad de George Jackson, qui fut condamné à une lourde peine de prison, dont dix effectuées, pour un bracage de 70 dollars dans une station essence et il y a ce sénateur américain qui a gardé 185 000 dollars par an, ou quelque chose d’avoisinant, de l’allocation sur le manque d’essence. D’un côté c’est un vol, de l’autre une législation. Quelque chose ne va pas, quelque chose ne va pas du tout quand nous envoyons 10 000 bombes remplies de gaz neurotoxiques à travers le pays et qu’on les immerge dans la piscine d’un autre pour ne pas déranger la nôtre. Alors vous perdez le sens de la perspective après un moment. Si vous ne pensez pas, si vous ne faites que regarder la télévision et lisez de la littérature académique, alors vous commencez à penser que les choses ne vont pas si mal, ou que simplement de petites choses sont à côté de la plaque. Mais vous devez vous détacher un peu, puis revenir contempler ce monde et là, vous êtes horrifiés. C’est pourquoi nous devons partir de cette supposition que les choses sont sens dessus-dessous.

Et notre sujet est sens dessus-dessous: La désobéissance civile. Dès que vous prononcez le mot désobéissance civile comme sujet d’étude, vous dites que notre problème est la désobéissance civile. Ce n’est pas notre problème… Notre problème est l’obéissance civile. Notre problème est le nombre de gens qui ont écoutés les diktats des leaders de leurs gouvernements et qui sont allés en guerre de part le monde et des millions de gens ont été tués à cause de cette obéissance. Notre problème est cette scène dans “A l’Ouest rien de nouveau” où les élèves marchent comme un seul homme vers leur devoir de faire la guerre. Notre problème est que les gens sont obéissants, partout dans le monde, face à la pauvreté, face à la famine, la stupidité, la guerre et la cruauté. Notre problème est que les gens obéissent et que les prisons sont pleines de petits délinquants, tandis que les grands truands gèrent le pays. C’est notre problème. Nous reconnaissons ce fait pour l’Allemagne nazie. Nous savons que le problème là-bas fut l’obéissance, que le peuple a obéit à Hitler. Les gens ont obéit et cela est mal. Ils auraient dû défier et résister le système et si seulement nous avions été là, nous leur aurions montré. Même dans la Russie de Staline nous pouvons comprendre que les gens sont obéissants, tous ces moutons.

Mais l’Amérique est différente. C’est ce qu’on nous a inculqué depuis toujours. Depuis le temps où nous étions haut comme trois pommes et je l’entends toujours résonner dans la déclaration de Mr Frankel, marquez une, deux, trois, quatre, cinq choses sympas à propos de l’Amérique que nous ne voulons pas trop déranger. Mais si nous avons appris quoi que ce soit ces dix dernières années, c’est que ces quelques jolies choses à propos de l’Amérique ne furent jamais jolies. Nous avons été expansionnistes, agressifs, et mal intentionnés envers les gens de ce pays et ce de manière très injuste. Nous n’avons jamais eu quelque justice que ce soit dans les cours de justice pour les pauvres, pour les noirs, pour les radicaux. Comment pouvons-nous affirmer que l’Amérique est tellement spéciale ? Elle n’est pas spéciale. Vraiment pas.

Et bien, ceci est notre sujet, notre problème: l’obéissance civile. La loi est très importante. Nous parlons ici d’obéissance à la loi, cette merveilleuse invention des temps modernes, que nous attribuons à la civilisation occidentale et dont nous parlons avec fierté. La règle de la loi, oh, comme c’est merveilleux, tous ces cours sur la civilisation occidentale, partout. Vous rappelez-vous ces tristes temps où les gens étaient exploités par le féodalisme ? Tout était si terrible au Moyen-Age, mais maintenant, nous avons la civilisation occidentale, la règle de la loi. La règle de la loi a maximisé et régularisé l’injustice qui existait avant elle, voilà ce que la règle de la loi, le système légal a fait. Commençons à regarder ce système de manière réaliste et non pas avec cette suffisance métaphysique avec laquelle nous l’avons toujours observé auparavant.

Quand dans toutes les nations du monde, la règle de la loi est la chérie des leaders et la peste du peuple, alors nous devons commencer à reconnaitre ceci. Nous devons transcender ces frontières nationales dans notre pensée. Nixon et Brejnev ont plus en commun entre eux que nous avec Nixon. J. Edgar Hoover a plus en commun avec le chef de la police secrète soviétique qu’avec nous. C’est la motivation internationale à suivre la loi et l’ordre qui lie les leaders de toutes les nations dans un lien de camaraderie si solide. C’est pour cela que nous sommes toujours surpris, quand lorsqu’ils se retrouvent, ils sourient, se serrent les mains, fument des cigares, ils s’aiment entre eux et ce indépendemment de ce qu’ils disent. C’est comme les partie républicain et démocrate, qui clâment à qui veut les entendre qu’ils feront une grande différence si l’un ou l’autre gagne et pourtant, c’est toujours la même chose. Au bout du compte… C’est eux contre nous.

Yossarian avait raison, vous vous rappelez, dans Catch 22 ? Il a été accusé d’avoir donné aide et réconfort à l’ennemi, ce dont personne ne devrait jamais être accusé et Yossarian dit alors à son ami Clevinger: “L’ennemi est quiconque en veut à notre peau de quelque côté que cela vienne”. Mais cela n’eut pas d’effet, alors il ajouta: “Maintenant tu te rappelles bien de çà ou un jour tu seras tué.” Et vous vous rappelez, quelque temps plus tard, Clevinger mourut. Nous devons nous rappeler en toute circonstance que nos ennemis ne sont pas divisés le long de lignes nationales, que les ennemis ne sont pas des gens qui parlent une langue différente et qui vivent dans des territoires différents. Les ennemis sont ceux qui veulent nous tuer. On nous demande: “et si tout le monde désobéissait à la loi ?” Mais une meilleure question serait: “et si tout le monde obéissait à la loi ?” La réponse à cette question est plus facile à trouver parce que nous avons énormément d’évidences empiriques sur ce qu’il se passe quand tout le monde obéit à la loi ou si la plupart des gens lui obéissent. Ce qu’il se passe est ce qu’il s’est passé, ce qu’il se passe maintenant. Pourquoi les gens révèrent-ils la loi ? et nous le faisons tous, même moi je dois lutter, car cela a été intégré dans mes os très jeune, lorsque j’étais boy scout. Une des raisons pour laquelle nous révérons la loi est à cause de son ambivalence. Dans le monde moderne nous devons gérer des mots, des phrases qui ont plusieurs sens, comme par exemple “sécurité nationale”. Ah oui, nous devons faire ceci pour la “sécurité nationale”. Ok, qu’est-ce que cela veut dire ? La sécurité nationale de qui ? Où ? Quand ? Pourquoi ? On ne prend pas la peine de répondre à ces questions… même pas de les poser.

La loi cache bien des choses. La loi est la “Bill of Rights”, la déclaration des droits, c’est ce à quoi nous pensons lorsque nous développons notre révérence à la loi. La loi est quelque chose qui nous protège, la loi est notre droit, la loi est la constitution. Le jour de la déclaration des droits, concours de dissertation sur le sujet par la Légion Américaine, c’est la loi. C’est bien.

Mais il y a un autre aspect de la loi qui n’est pas mis sur un piedestal, la législation qui continue jour après jour, mois après mois, année après année, depuis le début de la république et qui aloue les ressources de ce pays de telle façon que cela laisse quelques personnes très riches et bien d’autres très pauvres et d’autres courant comme des poulets sans tête pour s’octroyer le peu qui reste. C’est la loi. Si vous allez en fac de droit, vous verrez tout cela. Vous pouvez quantifier tout cela en comptant simplement le nombre de gros bouquins de droit que les gens trimballent avec eux et voir sur combien d’entre eux pouvez-vous y lire “droit constitutionnel” et combien aussi mentionnent: “propriété”, “contrats”, “délits”, “droit commercial”. Voilà ce que la loi représente en grande majorité. La loi est l’allocation de pénurie d’essence, bien que nous n’ayons pas de jour de pénurie d’essence, nous n’écrivons pas de dissertations au sujet de la loi sur l’allocation sur la pénurie d’essence. Il y a donc une partie de la loi qui est mise en exergue, voilà la loi, la constitution et il y a les autres parties de la loi, celles qui font leur boulot en sourdine et personne n’en dit rien.

Cela a commencé il y a bien longtemps. Quand la Bill of Rights fut passée en première instance, vous vous rappelez, dans le premier gouvernement de Washington ? Super truc ! La Bill of Rights est passée ! Roulements de tambours. Dans le même temps le programme économique d’Alexander Hamilton fut également passé. Propre sur lui, calme, l’argent aux riches, je simplifie un peu, mais pas tant que çà. Le programme économique de Hamilton a tout déclenché. Vous pouvez tracer une ligne directe entre son programme économique et la loi sur l’allocation sur la pénurie d’essence, jusquà l’effacement des impôts pour les entreprises. De A à Z, c’est l’histoire. Publicité pour la Bill of Rights, catimini pour la législation économique.

Vous savez que faire respecter les différentes parties de la loi est aussi important que la publicité faite autour des différentes parties de la loi. La Bill of Rights est-elle respectée ? Pas vraiment. Vous allez découvrir que la liberté d’expression et de parole dans la loi constitutionnelle est un concept très ambigu et opaque. Personne ne sait vraiment quand est-il ok pour vous de vous lever pour parler et quand çà ne l’est pas. Analysez simplement toutes les décisions de la cour suprême des Etats-Unis. Vous parlez de la prédictabilité d’un système alors qu’on ne peut pas prévoir ce qu’il va vous arriver si vous vous mettez à un coin de rue et commencez à parler. Essayez de trouver les différences entre le cas de Terminiello et celui de Feiner et essayez de prédire ce qu’il va se passer. Au fait, il y a une part de la loi qui elle n’est pas vague du tout et celle-ci implique le fait de distribuer des tracts dans la rue. La cour suprême a été très claire là-dessus. Décision après décision, on nous accorde le droit indéniable de distribuer des tracts dans la rue. Essayez. Allez juste dans la rue et distribuez des tracts. Lorsqu’un policier survient et vous dit: “circulez !” vous lui dites: “Ah ah ! Connaissez-vous la jurisprudence de Marsh contre l’état d’Alabama en 1946 ?” Ceci est la réalité de la Bill of Rights. Ceci est la réalité de la constitution, cette portion de la loi qui nous est dépeinte comme superbe et merveilleuse. De plus, sept ans après le passage de la Bill of Rights, qui stipule clairement que “le congrès n’a pas le droit de restreindre la liberté d’expression et de parole”, le congrès passa une loi restreignant la liberté d’expression et de parole: Vous souvenez-vous ? le Sedition Act de 1798.

Ainsi la constitution, la Bill of Rights ne furent pas respectées. Le programme d’Alexander Hamilton le fut, parce que lorsque les fermiers du whisky se rebellèrent vous vous souvenez en 1794 en Pennsylvanie ? Hamilton lui-même monta sur son cheval pour aller réprimer la révolte afin de s’assurer que la loi de l’impôt sur le revenu soit appliquée. Vous pouvez tracer cette histoire jusqu’à aujourd’hui, quelles lois sont appliquées et lesquelles ne le sont pas. Vous devez donc être prudents quand vous dites: “Je suis pour la loi, je révère et obéis à la loi” De quelle partie de la loi parlez-vous ? Je ne suis pas contre la loi. Je pense en outre, que nous devrions commencer à faire une distinction importante au sujet de quelles lois font quoi et à quelles catégories de gens.

Il y a d’autres problèmes avec la loi. C’erst bizarre, nous pensons que la loi amène l’ordre. La loi ne l’amène pas. Comment savons-nous que la loi n’amène pas l’ordre ? Regardez autour de vous. Nous vivons sous le coup de la loi. Avez-vous noté quel ordre avons-nous ? Les gens disent que nous devons nous méfier de la désobéissance civile car elle mène à l’anarchie. Regardez bien le monde actuel, qui est le résultat de la règle de la loi. Ceci est au plus près de ce que les gens appelle “l’anarchie” dans la confusion des esprits populaires, que nous qualifierions ici de chaos, de banditisme international. Le seul ordre qui vaille vraiment quelque chose ne vient pas au travers du respect, du renforcement de la loi, il vient de l’établissement d’une société qui est juste et dans laquelle des relations harmonieuses sont établies et dans laquelle vous avez un minimum de régulations pour créer une forme décente d’arrangements parmi les gens. Mais l’ordre fondé sur la loi et sur la force de la loi est l’ordre de l’état totalitaire, et cela mène inévitablement soit à l’injustice totale ou éventuellement à la rebellion, en d’autres termes, à un très grand désordre.

Nous grandissons tous avec cette notion que la loi est sacrée. Ils ont demandé à la mère de Daniel Berrigan ce qu’elle pensait de son fils qui enfreignait la loi. Il a brûlé des archives et documents de la conscription militaire, un des actes les plus violents de ce siècle sans nul doute, en protestation contre la guerre, il a été condamné à être emprisonné comme tout criminel se doit de l’être. Ils ont demandé à sa mère, qui a plus de 80 ans, ce qu’elle pensait de son fils hors-la-loi. Elle a regardé le journaliste droit dans les yeux et lui a dit: “Ce n’est pas la loi de Dieu”. Nous avons une tendance à oublier cela. Il n’y a rien de sacré à propos de la loi. Pensez à qui fait les lois. La loi n’est pas faite par Dieu, elle est faite par Strom Thurmond. Si vous avez une notion de sainteté, de beauté, de révérence à propos de la loi, regardez bien les législateurs de cette nation, ceux et celles qui font les lois. Allez vous assoir dans une session législative de votre état, allez assister à une session du congrès, car ces gens sont ceux qui font les lois que nous sommes supposés révérer.

Tout ceci est fait de manière à nous tromper. C’est cela le problème. Dans le temps, les choses étaient confuses, vous ne saviez pas; maintenant vous savez. C’est écrit dans les livres.  Maintenant nous avons une procédure légale, Les mêmes choses se passent qu’auparavant, sauf que nous sommes passés par les bonnes procédures. A Boston, un policier est rentré dans un hôpital et a fait feu cinq fois sur un noir qui l’avait fouetté au bras avec une serviette éponge et le tua. Une procédure judiciare fut engagée, Le juge décida que le policier avait eu raison, parce que s’il ne l’avait pas fait, il aurait perdu le respect de ses collègues. Ceci est ce qui s’appelle une procédure légale, à savoir le type n’a pas échappé au système. On est passé par la procédure en bonne et dûe forme et tout fut règlé. Le decorum, la caractéristique de la loi nous abusent.

La nation fut fondée sur le non respect de la loi, puis vint la constitution et la notion de stabilité que Madison et Hamilton aimaient beaucoup. Ensuite, nous trouvons une période cruciale dans notre histoire où le cadre légal ne suffisait plus et afin d’abolir l’esclavage, nous avions besoin de nous écarter du cadre légal, comme nous avions dû le faire du temps de la révolution ou de la guerre civile. L’union a du sortir du cadre légal afin d’établir certains droits dans les années 1930 et en ce moment, qui est peut-être encore plus critique que la révolution ou la guerre civile, les choses sont si horribles, que nous devons sortir du cadre légal juste pour dire quelque chose, pour prendre position, pour résister, pour commencer à établir le modèle d’institutions et de relations qu’une société décente devrait avoir. Non, pas juste casser et démolir les choses, et en construire d’autres. Mais même si vous essayez de construire des choses qui ne sont pas supposées être construite, vous essayez de construire un parc populaire, ce n’est pas détruire quelque chose, vous construisez quelque chose, mais c’est illégal, la milice vient et vous vire. Voilà la forme que prendra de plus en plus la désobéissance civile: les gens vont construire une nouvelle société au milieu de la vieille obsolète.

Qu’en est-il du vote et des élections ? On nous dit que nous n’avons pas trop besoin de la désobéissance civile parce que nous pouvons nous en remettre au système électoral. Et pourtant, nous devrions avoir appris depuis tout ce temps, mais peut-être ne l’avons nous pas, parce que nous avons grandi avec cette notion que l’isoloir est un endroit sacré, presque comme un confessional. Vous entrez dans l’isoloir, vous en sortez, ils prennent une photo et vous mettez le papelard dans l’urne avec un visage béat. Vous avez voté, c’est la démocratie. Mais si vous lisiez ce que les politologues disent, mais qui le peut vraiment je vous l’accorde ? au sujet de la procédure électorale, vous verriez que ce processus de vote est une supercherie. Les états totalitaires adorent le vote. Vous amenez les gens aux urnes et vous obtenez leur consentement, leur approbation. Je sais qu’il y a une différence, ils ont un seul parti, nous en avons deux. Vous voyez… Nous avons un parti de plus qu’eux…

J’assume que ce que nous essayons de faire, est de vraiment retourner aux principes, aux buts et à l’esprit de la déclaration d’indépendance. Cet esprit est celui de la résistance à une autorité illégitime et à des forces qui privent les gens de leur vie, de leur liberté, de leur droit de poursuivre le bonheur et donc, sous ces conditions, ils clâment le droit d’altérer ou d’abolir leur forme courante de gouvernement, en insistant sur ce terme d’abolir. Mais pour rétablir les principes de la déclaration d’indépendance, nos allons devoir sortir du cadre légal, d’arrêter d’obéir à des lois qui demandent de tuer ou qui aloue la richesse de la façon dont cela a été fait, ou de mettre des gens en prison pour de petit délits et laisser les grands criminels libres. Mon espoir est que cet esprit de résistance reprenne corps non seulement dans ce pays, mais aussi dans bien d’autres car ils en ont besoin. Les peuples de tous les pays ont besoin de la désobéissance à l’état, qui n’est pas une entité métaphysique mais une entité de force brute et de richesse et nous avons besoin d’une forme de déclaration d’inter-dépendance entre les peuples de tous les pays du monde, peuples qui aspirent tous à la même chose.

Source: http://www.thirdworldtraveler.com/Zinn/CivilObedience_ZR.html

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Vidéo d’Howard Zinn à la barre des témoins comme expert de la défense sur la désobéissance civile lors du procès de 7 activistes dans l’affaire AVCO plowshared, 1983. A cette occasion, Zinn dresse depuis la barre des témoins, un portrait empirique de la désobéissance civile étayé, de l’historiographie la concernant au cours de l’histoire des Etats-Unis ; avec un tel témoin à la barre, la désobéissance civile était superbement représentée, les défendants également :

http://www.youtube.com/watch?v=Gx6QQOn4dQE&playnext=1&list=PLCDC1BC7FB9607794&feature=results_main

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